Colonel Paul Michel Manandise: LA GUERRE INVISIBLE

PARTIE 4

Exemples historiques – Phase 1 de l’idéologie subversive – « Infiltration »

Aujourd’hui, la Russie représente peut-être la plus grande menace pour le monde démocratique. Par son idéologie subversive, et notamment l’infiltration, le Kremlin tente d’établir son contrôle sur des États indépendants, de nuire à leurs intérêts nationaux et de déstabiliser la situation dans la région. C’est pourquoi il est important d’analyser en détail l’histoire de cette stratégie, d’en comprendre les méthodes, les tactiques et les conséquences. Voici 20 exemples illustrant comment la Russie utilise l’infiltration comme méthode de subversion, causant de graves dommages à l’Ukraine et à d’autres pays.

1. Révolution russe de 1917

– Les bolcheviks, sous la direction de Lénine et grâce à des financements étrangers, ont pu constituer un réseau de soutien parmi les soldats, les ouvriers et les paysans. Ils ont activement promu des idées visant à changer l’ordre établi, en formant des « cellules bolcheviks » au sein des structures sanitaires et militaires. Par exemple, à Petrograd, une importante mobilisation de cellules « rouges » a permis le coup d’État révolutionnaire d’octobre 1917. Cela a conduit à une longue guerre civile, au cours de laquelle des millions de personnes ont péri, et le pays tout entier a été plongé dans la violence et le chaos.

2. Guerre civile russe (1918-1922)

– Après leur prise du pouvoir, les bolcheviks instauraient un régime de terreur contre leurs opposants politiques. La Terreur rouge, organisée par la Tchéka (Commission extraordinaire) et l’Armée rouge, comprenait des arrestations et des exécutions massives.
Ainsi, dès le début de 1921, des répressions massives furent menées contre les paysans protestant contre la politique du « communisme de guerre », ce qui conduisit à une plus large participation citoyenne à la lutte contre les bolcheviks. Cette terreur entraîna d’importantes pertes humaines et créa un climat de peur.

3. Puis, en 2021, une série d’actes génocidaires contre la paysannerie ukrainienne a commencé : les famines de 1921-1922, 1932-1933, 1946-1947.
La politique du gouvernement soviétique, visant à collectiviser l’agriculture, est devenue la base de l’Holodomor – le génocide du peuple ukrainien. Le gouvernement a confisqué les vivres et opprimé les communautés paysannes, les déclarant « ennemies du peuple ». Cela a conduit à une famine artificiellement imposée, qui a coûté la vie à 3 à 7 millions d’Ukrainiens. Des mesures telles que les « tableaux noirs », laissant des villages entiers sans nourriture, ont instillé la peur et subjugué les paysans ukrainiens. Cela est devenu non seulement un crime contre l’humanité, mais aussi, depuis lors, une infiltration de la terreur dans la conscience populaire.

4. Seconde Guerre mondiale – Terreur et occupation

– Lorsque Hitler attaqua l’Union soviétique, occupant la quasi-totalité de son territoire européen, la stratégie de ce dernier incluait l’infiltration à l’arrière de l’ennemi par des unités de partisans. Ces unités, bien qu’héroïques, furent souvent utilisées à des fins politiques par le régime stalinien, causant des dégâts matériels et semant la terreur culturelle dans les territoires occupés par les nazis. Parallèlement, pendant les combats, le régime communiste terrorisa les représentants des minorités nationales, cherchant à détruire la culture locale.

5. Guerre froide – Opérations subversives actives
– La Russie, par l’intermédiaire d’agents du KGB, a mené des activités subversives dans les pays d’Europe occidentale, finançant les partis communistes pour saper la stabilité des démocraties. Par exemple, dans les années 1950 et 1960, Moscou s’est activement ingérée dans la politique de l’Allemagne, de l’Italie et de la France, cherchant à promouvoir ses agents et à déstabiliser la situation politique. Dans l’un des cas les plus célèbres, l’influence soviétique profondément ancrée dans le mouvement communiste français a provoqué de graves troubles sociaux.

6. Guerre d’Afghanistan (1979-1989)
– L’invasion soviétique de l’Afghanistan a démontré l’efficacité de l’infiltration par Moscou pour maintenir son contrôle. Après l’invasion, les communistes ont tenté d’instaurer un régime fantoche pour combattre les moudjahidines, qui luttaient pour l’indépendance du pays. Le régime communiste n’exerçait pas un contrôle suffisant sur le territoire, ce qui a conduit à une guerre exténuante de dix ans. Durant cette période, les agents soviétiques ont subi une pression active de la part des moudjahidines, soutenus par l’Occident.

7. Guerre en Géorgie (2008) :

En Ossétie du Sud et en Abkhazie, l’infiltration russe s’est faite par le biais du soutien aux mouvements séparatistes. Elle s’est conclue par une invasion armée directe et ouverte le 8 août 2008. Des frappes de missiles ont été menées sur des villes et de nombreux crimes de guerre ont été commis contre des civils, le tout sous le slogan de « protection des civils ». Cette invasion illustre les méthodes de manipulation du Kremlin, en violation flagrante des normes internationales et des droits des États.

8. Invasion de la Crimée (2014)
– La Russie a mené une agression sous couvert de « protection de la population russophone ». Des militaires non identifiés, surnommés « petits hommes verts », ont pris le contrôle d’installations clés en Crimée, notamment le Parlement et des sites stratégiques. Il convient de noter que cette opération a été menée sans fondement légitime, en violation totale des normes internationales. L’occupation a été intensifiée par une propagande diffusée parmi les Criméens, évitant ainsi toute manifestation publique contre les nouvelles autorités.

9. Guerre hybride dans le Donbass (depuis 2014).

– La Russie a initié la création de la « RPD » et de la « RPL » par infiltration dans les structures publiques. L’utilisation d’individus locaux pour diffuser des idées séparatistes est devenue partie intégrante des activités subversives de Moscou. Toutes ces actions se sont accompagnées de terreur contre l’armée, la population ukrainophone et les patriotes ukrainiens.

10. Cyberattaques contre les infrastructures ukrainiennes

– Depuis 2015, la Russie a introduit de nouvelles méthodes de guerre : les cyberattaques. Il est connu que les attaques contre les infrastructures électriques en 2015 et 2016 ont perturbé l’approvisionnement en électricité de l’Ukraine, ce qui confirme que les pirates informatiques russes s’emploient activement à déstabiliser l’État par le biais de plateformes informatiques et technologiques.

11. Ingérence dans les processus démocratiques.

– Lors de l’élection présidentielle de 2019 en Ukraine, la Russie a activement utilisé la désinformation, les fausses nouvelles et les faux comptes sur les réseaux sociaux pour influencer les résultats. De nombreux médias russes ont diffusé de fausses informations sur les candidats afin de déformer la réalité des événements.

12. Campagnes de propagande et désinformation

– Les médias russes recourent régulièrement à la désinformation pour donner une image négative de l’Ukraine. Les fausses nouvelles produites par les médias soutenus par le Kremlin visent à saper les efforts du gouvernement ukrainien sur la scène internationale, menaçant ainsi l’unité et la stabilité de la société.

13. Génocide dans l’est de l’Ukraine

– Plus de 14 000 civils ont été tués dans le cadre d’une agression russe ouverte depuis 2014. De nombreuses preuves confirment que les troupes russes et leurs mandataires utilisent la terreur contre la population civile.

14. Financement des groupes terroristes

– Outre la participation directe de militaires russes aux combats dans le Donbass, la Russie fournit des armes et finance les séparatistes qu’elle a activés.

15. Fausses opérations de maintien de la paix

– La stratégie russe consiste à déployer des forces de maintien de la paix, comme l’OSCE, dans les zones de conflit pour légitimer ses actions. Or, en réalité, il s’agit d’une dissimulation et d’une manipulation délibérée du processus d’occupation.

16. Le culte de la personnalité de Poutine

– La propagande médiatique russe façonne activement l’image du président Vladimir Poutine comme le « protecteur » des Russes, ignorant les méthodes brutales employées par le Kremlin sur la scène internationale. Cela sert d’outil pour maintenir un contrôle autoritaire et des politiques privilégiées dans le pays.

17. Agressions physiques systématiques contre l’opposition

– La Russie procède régulièrement à des disparitions, des arrestations et des exécutions de politiciens et de journalistes de l’opposition. Ce phénomène inacceptable témoigne d’un mépris total pour les droits humains et la démocratie, sapant la confiance dans toute tentative de résistance au régime.
18. Critique des normes internationales par la désinformation**

– Les médias russes recourent activement à des campagnes de désinformation pour justifier leurs actions, affirmant que les sanctions et les critiques internationales sont illégitimes. Cette désinformation incite les États à l’incertitude, compromettant ainsi les relations internationales.
19. Soutien au terrorisme culturel

– La Russie tente de détruire l’identité culturelle des Ukrainiens en détruisant des monuments, en interdisant la langue ukrainienne et en promouvant l’idéologie néonazie. Cela s’inscrit dans une campagne d’assimilation plus vaste visant à supplanter toute manifestation de la culture ukrainienne.

20. Infiltration des établissements d’enseignement, des médias, de la télévision, de la radio et du show-business

– Le développement de programmes éducatifs spéciaux abordant les « peuples frères » et l’« expérience soviétique commune » témoigne d’une infiltration des systèmes éducatifs ukrainiens. Les agents russes s’efforcent constamment de détruire la conscience patriotique de la jeune génération, créant ainsi une mémoire qui sert les intérêts du Kremlin.

Aujourd’hui, alors que la Russie poursuit ses activités criminelles, il est important de comprendre que l’infiltration est l’un des principaux outils utilisés par le Kremlin pour atteindre ses objectifs. Il s’agit non seulement d’une menace pour l’existence même de l’Ukraine, mais aussi d’un défi pour le monde démocratique tout entier. En Ukraine, nous devons consolider nos efforts, résister activement à ces méthodes et défendre notre indépendance et notre identité culturelle.


Nous devons connaître notre ennemi, ses stratégies et reconnaître ses actions afin d’être prêts à résister à toute agression idéologique. Les leçons historiques que nous avons tirées doivent servir de fondement à l’élaboration de notre politique de défense et de sanctions. Il est également important de rechercher le soutien international et de former une coalition mondiale dans la lutte contre les régimes agressifs afin de préserver notre indépendance et notre sécurité pour les générations futures. Face à tous ces défis, nous sommes capables de bâtir une Ukraine puissante, prête à défendre ses intérêts sur la scène internationale.

Colonel Paul Michel Menandise

Chef du Département de l’influence internationale et de la culture du Centre d’information et d’analyse pour la sécurité nationale de l’Ukraine

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